En 2009 les statuts du projet Baraka sont déposés : il s’agira d’une société coopéra- tive d’intérêt collectif. Son slogan est clair : « une utopie de quartier».

Après pas mal de déboires, dont un grave incendie, mais, porté par de nombreux soutiens, le restaurant ouvre enfin en 2012 ! Baraka deviendra un «tiers-lieu de la transition » : coworking, restau-self, location de salles, location des espaces pro (cuisine et salle) à des tiers.

Juste en face du 20 rue de Sébastopol, 1300m2 sont inutilisés. Il s’agit du parking de l’université des langues étrangères appliquées qui a déménagé en 2017.

Les négociations engagées avec la ville de Roubaix, propriétaire des lieux, permettent d’installer « temporairement » des terrasses (la terrasse de Baraka) dans cet espace clos où subsistent de magnifiques cerisiers du Japon mais aussi des plantes invasives, surtout la renouée du Japon qui nécessitera plusieurs années d’efforts pour réussir à l’éradiquer.

Vincent Boutry président de l’université populaire citoyenne, l’association Cense de la Tossée qui n’a pas pu concrétiser son projet dans le quartier en devenir de l’Union – Roubaix-Tourcoing-Wattrelos, Pierre Wolf et d’autres partenaires se mobilisent pour que cet ancien parking puisse accueillir des bacs pour cultures hors sols, accessibles aux habitants du quartier. La ferme urbaine du Trichon devient un espace dédié à des jardins partagés.

S’engager dans la transition écologique, sensibiliser aux enjeux du change- ment climatique, développer la prise de conscience de la nécessité de modifier les comportements de consommation, donner l’envie de se préparer au monde de demain en s’initiant à quelque chose qui fait sens, qui recréée du lien : pour ce faire, quoi de mieux qu’apprendre à jardiner au sein de son quartier : tel est l’objectif dorénavant poursuivi.

En 2016, Juliette Lamy, bénévole dès la création du jardin partagé, anime le lieu chaque vendredi en dialoguant avec les habitants. Les bacs hors sols sont confectionnés sur place et dès l’automne 2016 une fête est organisée pour déguster les premières récoltes. En 2017 le collectif des paysans du Trichon se mue en association avec un objectif beaucoup plus ambitieux : investir les 6300m2 de friches qui jouxtent le parking. Ils appartiennent à la Métropole Européenne de Lille MEL et font l’objet d’une concession de la SEM Ville renouvelée en vue d’un projet immobilier. Il n’a pu se concrétiser du fait de la présence d’un long mur qui contourne le terrain, mur inscrit apparemment sur la liste complémentaire des architectes du patrimoine et qui, ne pouvant être détruit, rend le chantier et les futures habitations inaccessibles.

Porté par les mêmes partenaires que ceux de la ferme du Trichon, le projet d’occuper ces 6300m2 pour les dédier à de l’auto-récolte pour les habitants riverains correspond à l’orientation des élus de Roubaix Ville nourricière.

En 2018, des négociations s’engagent avec la MEL qui accepte de dépolluer les espaces surtout contaminés par des hydrocarbures : 50 cm de sol sont enlevés et sont remplacés par du limon profond, une terre qui se révèle hélas stérile. Des crédits sont accordés pour reconstituer un sol vivant à partir de compost, fumier de cheval, engrais verts mais aussi avec une démarche R&D confiée à des scientifiques de trois laboratoires l’ULCO de Dunkerque, Junia, le Laboratoire génie civil et géo-environnement (LGCgE) de l’Université de Lille et le bureau d’étude EACM (Environnement, Aménagement, Carrières et Métaux) pour assurer le suivi des récoltes de trois potagers expérimentaux : mêmes légumes mais sur sol pollué, sur sol initial et sol stérile pour comparaison.

Grâce au marché de recherche et développement signé avec la MEL pour reconstituer un sol vivant, Juliette Lamy est embauchée à partir de 2022 pour accroître l’animation du lieu et gérer le volet social, ainsi qu’un maraîcher pour gérer les espaces jardinés.

Hélas le marché accordé par la MEL se termine fin 2024 sans perspective de renouvellement.

L’urgence est donc d’envisager une suite en réfléchissant à un nouveau projet, plus large que celui d’une simple production maraîchère, à proposer à d’autres financeurs. Les objectifs initiaux restent les mêmes : donner envie, faire avec les habitants en toute transparence grâce à la poursuite de réunions hebdomadaires précieuses pour maintenir des liens solides basés sur « le faire ensemble » mais avec d’autres objectifs permettant la pérennité d’un projet plus ambitieux car plus diversifié : un réel défi à relever pour les responsables!

Comme lors de notre soutien financier au moment du lancement du projet Baraka en tant que restaurant, notre rôle reste très modeste pour soutenir le nouveau projet. Ce portrait est un jalon pour en élargir la connaissance. La proposition d’organiser à l’automne une rencontre en présence de tous les membres de notre réseau « des portraits des porteurs des projets d’agriculture en ville » en sera un autre. Nous entendons bien-sûr suivre l’évolution d’une démarche complexe et fragile!